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Soin et violence politique : un enjeu de santé publique


Centre Primo Levi



Introduction:

S’il y a bien un critère qui semble caractériser la situation des mineurs isolés étrangers, c’est ce flou qui les entoure. Combien sont-ils ? Doivent-ils être considérés comme des adultes ou des enfants ? Ils sont ici mais pour combien de temps ? Relevant de la compétence des départements et pourtant refusés par certains ; suscitant à la fois méfiance et compassion, ces jeunes sont ballottés entre les différentes instances administratives, sociales et juridiques. Pourtant, ils restent des enfants, qui, pour la plupart, ont dû fuir un environnement violent et dangereux. Ils méritent un accueil et une prise en charge adaptés pour se construire un avenir.

La circulaire du 31 mai 2013, dite circulaire Taubira, avait pourtant pour objectif de clarifier le dispositif de mise à l’abri, d’évaluation et d’orientation de ces jeunes. Selon la circulaire, c’est aux départements de déterminer, via un protocole d’évaluation, l’âge et l’isolement de l’enfant, et ce, dans un délai de cinq jours Ce dispositif est financé par l’Etat. Au-delà de cinq jours, les compétences reviennent à l’autorité judiciaire qui varie en fonction des différents cas de figures. Bien qu’un protocole d’accord ait été signé entre l’Etat et les départements, les mesures d’application diffèrent d’un territoire à un autre et ne viennent pas répondre entièrement aux besoins des jeunes mineurs isolés. L’absurdité est poussée à son paroxysme lorsque l’enfant est transféré vers un autre département où il doit à nouveau effectuer une évaluation de sa minorité. Toutes ces procédures maintiennent ces jeunes dans une errance administrative. Pourtant, ces adolescents ont un besoin réel de stabilité. Ils ont besoin d’un référent qui puisse les accompagner afin de favoriser leur reconstruction. Difficile de les confronter à une procédure dont le temps administratif ne correspond pas à leur propre temporalité (deuils, découverte et adaptation à un nouveau cadre, etc.).
Cependant, nombre de professionnels (travailleurs sociaux, officiers de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, médecins, psychologues, associations, procureurs, juges des enfants, juges des tutelles) élèvent leur voix pour que prime l’intérêt supérieur de l’enfant.

Dans ce numéro de Mémoires, nous avons souhaité donner la parole à ceux qui cherchent à lier tous les différents enjeux associés à cette enfance en danger. Au delà d’une mise au point juridique, nous avons souhaité apporter un éclairage clinique sur les effets du traumatisme qui résultent de cette violence extrême et de l’exil. Avec pour objectif de permettre aux professionnels, souvent démunis, de mieux comprendre les enjeux liés à l’accompagnement de ces jeunes. Du point de vue médical, nous verrons qu’il est nécessaire de pouvoir leur apporter des soins adaptés après un long parcours d’exil et d’effectuer avec eux un travail de prévention. Enfin, quel accompagnement est-il possible d’offrir aux mineurs lorsque la prise en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance n’est pas effective ?

Un autre constat s’impose à travers ce numéro : des solutions existent. Parfois déjà mises en œuvre, il est plus que nécessaire de les généraliser et de les harmoniser sur notre territoire.


DOSSIER

Soin et violence politique : un enjeu de santé publique

 

p.6 • Table-ronde 1 : Personnes vulnérables et précaires, les reconnaître pour les soigner : un enjeu de santé publique

p.10 • Table-ronde 2 : La prise en charge médicale des effets de la torture sur le corps

p.13 • Table-ronde 3 : Soigner les femmes enceintes en errance

p.17 • Table-ronde 4 : Soigner et accompagner les adolescents venus d’ailleurs

p. 20 • Table-ronde 5 : La psychanalyse face à la cruauté

p. 22 • Table-ronde 6 : L’interprète : un acteur incontournable du soin

p. 24 • Table-ronde 7 : Entre contrôle et précarité : quelle latitude pour le travail social ?


Éditée à plus de 1000 exemplaires, la revue d'information Mémoires  (3 numéros par an) propose des contenus denses en lien avec les problématiques rencontrées au centre de soins Primo Levi. C'est un espace de réflexion et de débat, ouvert à des contributeurs extérieurs, sur les questions relatives aux effets de la torture et de la violence politique, à la prise en charge adaptée et au droit d’asile en France et en Europe.

Les illustrations sont signées de Jean-Christophe Lie, animateur et réalisateur de films d'animation.











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