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Associer insécurité et étrangers, il en restera toujours quelque chose !


Métisse


Je suis à New York depuis quelques jours, ville que j’aime beaucoup et depuis longtemps, pour sa diversité culturelle assumée, pour son mouvement, pour sa capacité à nous surprendre. J’entends ce qui se passe en France autour d’abord de la menace de la déchéance de nationalité pour les Français par naturalisation, créant ainsi une catégorie de Français distincts des autres. Puis dans une logique xé- nophobe que l’on ressort dés qu’il faut faire diversion, ce sont les Roms et des gens du voyage qui ont été désignés comme des boucs émissaires de l’insécurité. On les sait coutumiers de telles méthodes de diversion, mais je m’inquiète quand même. Mes amis américains aussi s’inquiètent. Ils croyaient la France incapable d’une telle inhospitalité assumée par les plus hautes autorités de l’état ; ils croyaient la France incapable de telles mesures, par ailleurs inefficaces. L’état français renvoie les Roms dans le pays d’où ils viennent, la Roumanie ou la Bulgarie, sachant qu’ils seront contraints de revenir ; mais symboliquement, ils ont fait quelque chose, ils ont séparé les uns des autres et, ils ont désigné implicitement le responsable de l’insécurité par ailleurs affirmée comme un fait urgent en plein cœur de l’été occupé par les affaires de conflits d’intérêts des dirigeants. J’ouvre Le Monde daté du vendredi 13 août 2010 et j’apprends que L’ONU lui aussi dénonce la montée de la xénophobie en France « Recrudescence notable du racisme et de la xénophobie » à l’instar du Togolais Ewonsan Kokou, les experts du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU, réunis le 11 et 12 août à Genève, n’ont pas ménagé la France. Ils mettent en cause les débats des mois passés sur « l’identité nationale » et les récentes déclarations officielles, notamment du chef de l’état sur la déchéance de la nationalité et les Roms (p1). Le rapport dénonce la contradiction « entre l’image exportée à l’étranger et la réalité du terrain » (p.7). L’américain Pierre Richard Prosper, rapporteur du groupe d’experts chargé de la rédaction de ce rapport s’exclame : « Il est temps que vous fassiez vivre les rêves d’égalité et de fraternité ». Qu’est ce qu’un Français d’origine étrangère ? Et comment peut on le déchoir de sa nationalité ? Comment peut-on dans un état de droits prendre en filature des Roms après une garde à vue ? Pourquoi les Roms ont ils encore aujourd’hui en France des carnets de circulation qui les obligent à se déclarer à chaque nouveau lieu de résidence temporaire et qui les prive de certains droits… Autant de questions posées par ce rapport de l’ONU qui ne sont pas qu’actuelles. Les Roms sont dans un statut d’exclus dans notre pays depuis longtemps et c’était donc facile de les choisir comme boucs émissaires… En France non plus, on n’aime pas les nomades et on projette sur eux bien des fantasmes individuels et collectifs faciles à raviver. Il en va pourtant de la responsabilité des Politiques, de ne pas séparer mais au contraire de réunir et de permettre des liens entre les citoyens de notre France que l’on voudrait… douce.

Extrait de l'Editorial de Marie Rose Moro
 

Sommaire

  • « Rendez-vous à 8H00. Départ pour Calais », Diane Escamilla
  • Manuel de psychopathologie du bébé et de sa famille. Un hommage aux bébés et à ceux qui les portent
    Sous la direction de M.R. Moro, R. Riand, V. Plard
  • Raconte moi ta maison, Narration du traumatisme dans les consultations avec des enfants réfugiés
  • Compte-rendu de l’assemblée générale de l’AIEP du mardi 28 septembre 2010

Métisse, Décembre 2010


Métisse est la lettre d’information de l’Association Internationale d’EthnoPsychanalyse (AIEP). Elle paraît 3 à 4 fois par an, est publiée en ligne pour les membres de l’AIEP.











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